Fait historique : les plateformes de streaming devancent la TV, et les conséquences sont lourdes
Lorsque la télévision a commencé à être l'objet de la convoitise des Français, bon nombre de voix se sont élevées pour dire que c'en était fini des salles obscures. "Le cinéma court à sa perte avec la vente en masse des télévisions !", voilà ce que l'on entendait un peu partout. Aujourd'hui, l'Histoire se répète, mais il n'est maintenant plus sujet de la télévision, mais bel et bien des services de divertissement à la demande comme Netflix, OCS, Disney+, Amazon Prime, et bien d'autres qui rythment notre quotidien. Alors que les Français passent de plus en plus de temps sur des sites de streaming, la question se pose : cette habitude signe-t-elle cette fois-ci la fin de l'industrie du cinéma telle qu'on la connaissait ?
Des données chiffrées concernant la télévision
Retour au XXe siècle pour suivre les premiers pas de la télévision. Au début des années 1970, un foyer sur 10 possède un poste de télévision. Il faudra attendre la fin de la décennie pour que ce chiffre explose, et que la télévision investisse 9 foyers sur 10. Les programmes, durant ce même laps de temps, prendront des couleurs. Le nombre de chaînes se multipliera quant à lui dès l'année 1984.
En 2019, 93,4% des foyers en France sont équipés d'une télévision, un chiffre en très légère baisse par rapport aux années précédentes. La télévision fait partie du quotidien de nombreux français, et se sont leurs habitudes en tant que spectateurs que nous allons détailler dans cet article, afin de comprendre comment les services de divertissement à la demande ont pris le pas sur les chaînes classiques (ou "télévision linéaire").
L'arrivée de Netflix en France
Pour parler en détail de l'impact de la SVOD sur nos vies, il faut revenir sur les premiers pas de Netflix. La plateforme est arrivée il y a maintenant un peu plus de 6 ans en France, et plus précisément, le 15 septembre 2014. Avant son entrée sur la scène française, le secteur était dominé par CanalPlay qui comptait alors 800 000 abonnés. Il a fallu quatre années seulement, durant lesquelles Netflix a battu tous les records, pour que CanalPlay capitule et laisse la place au géant américain, mettant ainsi la clef sous la porte.
Netflix s'est donc rapidement imposé comme le maître incontesté de la SVOD en France. Il faut dire que le catalogue proposé est large, et qu'il y en a pour tous les goûts. En 2019, une étude du Times affirmait qu'il fallait 32 600 heures pour venir à bout de toutes les séries et films présents sur la plateforme Netflix. Quant à Amazon Prime, la plateforme proposait, lors de cette même année, 22 600 heures de programmes à découvrir. Cette montée en puissance a donné lieu à de nombreux débats en France.
Les réactions de l'industrie du cinéma
Les plateformes de divertissement à la demande ont, très tôt, inquiété l'industrie du cinéma et le concept même de chronologie des médias. En 2017 par exemple, le fait que deux films (The Meyerowitz Stories et Okja) n'ayant jamais été projetés au cinéma puissent être présentés au Festival de Cannes avaient fait les gros titres.
Les choses se sont encore envenimées avec l'annonce de Franck Riester au moins de janvier 2020, qui laissait entendre que, avec des investissements suffisants, les plateformes comme Netflix pourraient espérer diffuser des films plus rapidement que ce que la chronologie des médias laissait espérer auparavant. Cette annonce avait suscité de nombreux débats. Les détracteurs du projet s'étaient dit outrés, et songeaient déjà à l'énorme perte que cela occasionnerait aux cinémas français. Ted Sarandos, le directeur général de Netflix, s'était exprimé à ce sujet dans un article relaté par La Croix :
J'ai vu récemment un film français des années 1960 dans lequel un personnage se lamentait sur le fait que le cinéma était condamné à cause de la télévision mais regardez ce qu'il se passe maintenant. Aujourd'hui, les gens regardent les films en salle, ou via Blue-Ray, via des téléchargements légaux ou Netflix. Cela fait partie d'un combat pour trouver les meilleures manières de cohabiter.
Pour l'homme d'affaires américain, la montée en puissance de Netflix ne constituait donc pas un danger pour les cinémas. Ted Sarandos rappelait même que cette même angoisse était déjà présente au sein de la population après l'apparition des cassettes vidéo, et que les salles de cinéma n'avaient pas fermé pour autant. Mais alors, qu'en est-il vraiment ? À l'heure actuelle, nous avons déjà un peu plus de recul sur la question. Pouvons-nous dire que Netflix, Amazon Prime ou encore Disney+ mettent directement en danger l'industrie du cinéma ? Nous vous proposons quelques chiffres pour que vous puissiez vous faire une opinion éclairée sur le sujet.
Les chiffres concernant les plateformes de streaming
Tout d'abord, il faut préciser ce que l'on entend quand on parle de personnes qui regardent du streaming à partir d'un poste de télévision (puisque l'étude dont nous ferons mention un peu plus tard repose sur ce type de spectateurs). Il existe en effet deux catégories bien distinctes :
- Ceux qui préfèrent la SVOD (de l'anglais "Subscription Video On Demand", regroupe les plateformes de streaming qui demande un versement mensuel ou annuel, comme Netflix ou Amazon Prime)
- Ceux qui préfèrent l'AVOD (de l'anglais "Advertising Video On Demand", regroupe les plateformes de streaming financées par la publicité, comme ce que propose Peacock).
Bien sûr, il n'y a pas d'incompatibilité entre ces deux services. Un utilisateur qui a l'habitude de regarder de la SVOD peut très bien regarder de temps à autre de l'AVOD, et inversement. Les premiers jours du streaming étaient dominés par les services SVOD, mais une grande majorité des streamers accèdent désormais régulièrement à l'AVOD. À la fin du quatrième trimestre 2019, 75% de tous les habitués au streaming avait déjà accédé au moins une fois au service AVOD, et il est probable que le public AVOD continue de grandir avec le temps. À l'heure actuelle, bien que les spectateurs de la SVOD soient plus nombreux (surtout en France, où l'AVOD n'a pas encore bien pris), le nombre de personnes regardant de l'AVOD tend à augmenter dans le monde.
Maintenant que nous savons que les habitués du streaming regroupent ceux qui aiment la SVOD et ceux qui préfèrent l'AVOD, nous sommes en mesure de comprendre les chiffres communiqués par Samsung. L'entreprise a en effet mené une vaste enquête afin de chiffrer le nombre de personnes qui regardent la télévision linéaire, et ceux qui optent pour le streaming (et donc la SVOD et l'AVOD). Selon les chiffres publiés, pour la toute première fois de notre Histoire, le nombre de personnes dans le monde qui regardent du streaming (58%) est supérieur au nombre de personnes qui regardent la télévision (42%). La popularité des sites de streaming est telle que, y compris à l'heure de grande écoute, les spectateurs sont plus nombreux à regarder une série ou un film sur l'une des plateformes concernées que la télévision. Sans surprise, le leader du marché en 2020 est toujours Netflix, avec 6 000 000 d'abonnés sur le sol français.
Les causes de ce changement d'attitude
On peut évoquer plusieurs causes pour expliquer le désintérêt des Français pour la télévision au profit des sites de streaming. Tout d'abord, pour une partie de la population, le contenu diffusé à la télévision pose problème. Pour beaucoup de spectateurs en effet, la diversité des programmes n'est pas au rendez-vous sur les chaînes publiques. Florent Dumont, directeur de la stratégie des publics à France Télévisions, a ainsi décidé de demander directement aux Français ce qu'ils voulaient pour la TV de demain. Il a déclaré à ce propos, le 7 septembre 2020 pour le compte de FranceInfo :
Il y a deux ans, nous avons mené une consultation avec Radio France intitulée 'Ma télé / ma radio demain'. Nous avons pris en compte les attentes exprimées par les Français en créant par exemple de nouveaux programmes sur la lutte contre les 'fake news', tels que Vrai ou fake sur franceinfo, ou bien sur l'environnement (...). Cette année, les médias publics ont beaucoup fait évoluer leur offre pendant le confinement. Aujourd'hui, il nous semble indispensable d'interroger à nouveau nos publics sur leurs attentes.
France Télévisions en a donc bien conscience, il est nécessaire de comprendre ce que veulent les Français afin de s'adapter au mieux pour ne pas se laisser distancer par les géants du streaming. Il faut aussi mettre en lien ces chiffres avec l'année 2020, et la pandémie que nous connaissons actuellement. Avec la COVID-19, le sport, qui représente une part importante de l'audience télévisuelle, ne peut plus être regardé. L'étude réalisée par Samsung montre en effet que ceux qui regardaient la télévision presque exclusivement pour les émissions sportives ont vu leur temps passé devant la télévision chuter de -45% en l'espace d'une semaine sans émission sportive à la TV seulement. Ces spectateurs se sont majoritairement tournés vers le streaming, toujours selon cette étude.
Quelles conséquences pour l'avenir ?
À court terme, plusieurs conséquences sont possibles si la tendance ne s'inverse pas. Tout d'abord, concernant la télévision, les chaînes devront redoubler d'efforts afin de proposer des programmes qui parlent au plus grand nombre. Les plateformes de divertissement à la demande quant à elles devraient voir leur budget encore augmentés au fil des années à suivre.
Il pourrait donc y avoir davantage de films récompensés chaque année qui n'auraient jamais vu le jour au cinéma, bien que plusieurs personnes au sein des jurys s'y opposent encore formellement. Enfin, concernant les cinémas français, plusieurs stratégies, comme baisser le prix de la place, pourraient être mises en place afin de sauver cette année catastrophique, et éviter que les sites de streaming ne prennent trop d'avance. Rappelons en effet que le CNC a noté une baisse de fréquentation des salles de -62.7%, entre les neuf premiers mois de l'année 2020 et de l'année 2019.
Merci pour votre remarque.
L'étude menée par Samsung comparait uniquement les habitués à la Télévision linéaire (les programmes journaliers), avec les habitués de la SVOD et de l'AVOD. L'article concerne donc ces éléments de comparaison.
En revanche, et comme vous le signalez, toutes les chaînes ont leur propre service VOD, aussi appelé TVOD. Selon un élément de cette même étude pris à part, durant le confinement, le temps passé en TVOD est en nette augmentation, estimée à + 103%. Nous pourrions nous dire que ces chiffres auraient dû être pris en compte dans l'étude citée, mais il y avait la volonté de démarquer les habitués qui suivent le programme préétabli de ceux qui cherchent directement à voir le programme qu'ils souhaitent. Je suppose qu'il était compliqué pour Samsung de placer la TVOD dans l'une de ces deux catégories, puisque cela dépend de l'axe que l'on choisit d'aborder. Ils ont donc préféré placer citer ces chiffres ailleurs.
En espérant avoir pu vous renseigner au mieux, nous vous souhaitons une bonne navigation sur notre site,
L'équipe HITEK.
Ils n'ont pas besoin d'embaucher autant de personnel s'ils ne sont pas rentables. J'ai remarqué aussi que les cinémas qui restaient remplis sont ceux qui proposent de revoir des classiques, ou de bingewatcher une série de films. Les cinémas classiques proposant seulement les nouveaux films ne se démarquent plus.
Je sais pas t'as des tonnes d'idées marketing faisables, les patrons du cinéma français sont juste pour la grande majorité très frilleux et voudraient retrouver une rentabilité simple qui a disparu avec les années.
Maintenant comme dans tous les secteurs, faut qu'ils se bougent. Si t'augmentes les prix, c'est qu'à coté tu apportes d'autres éléments.
Pourquoi un cinéma ne proposerait pas des séances spéciales amoureux, spéciale retour en jeunesse (on ressort pour la soirée des habillages vintages de popcorn/boisson par exemple, tu repars de la séance avec une photo en photomaton offerte, ou encore des salles sans siège où tu visionnes en mode picnic, etc.)
Je trouve vraiment que cette industrie est bien trop frileuse, alors qu'elle a été bouleversé par la technologie. C'est cocasse d'ailleurs qu'une industrie autant à la pointe de la technologie soit si dépassé dans son fonctionnement interne, incapable de fidéliser ses clients autrement que par une carte indispensable si tu vas au ciné 3 fois dans le mois. :(
Donc oui, c'est normal, et ça continuera au fur et à mesure que les plus vieux qui ont leur habitude de consommation de TV décéderont. Ca fera un grand trou dans les audimats de ces chaines et peut être qu'à ce moment la, ils dénieront se remettre en question et leur façon nous faire avaler de la merde.
La seul chose qui doit rester, c'est la chronologie des médias qui est la seul qui peut maintenir le cinéma à flot, et surtout en ces temps compliqué!
Nous vous remercions pour votre remarque. Il est vrai que le secteur du cinéma en France connaissait une certaine stabilité depuis plusieurs années avant l'épidémie de COVID-19. Les années 2017 et 2019 furent par exemple de très bonne années en terme d'entrées dans les cinémas du pays.
Néanmoins, la crise sanitaire a engendré de terribles pertes et il faudra très certainement mené un plan d'action pour redresser la barre, tout en sachant que de nombreuses personnes se sont désormais tournées vers le streaming (même celles qui n'y étaient pas forcément habituées auparavant). Si vous voulez davantage en savoir sur le sujet, je vous invite à lire l'article "Cinéma, l'ampleur de la crise expliquée en chiffres !" sur notre site.
Je vous souhaite une très bonne continuation sur notre site,
L'équipe HITEK.
Je regarde encore arte et la cinq et qqs fois rmc découverte mais de moins en moins
Thierry
D'un autre côté, on a la télé, avec des programmes répétitifs, où on ne peut pas choisir précisément ce qu'on veut voir, souvent de qualité assez moyenne (la téléréalité on aiiime), interrompus tous les quarts d'heure par des pubs
Perso le choix est vite fait
Et surtout, MOINS DE PUB!!! C’est le plus exaspérant! Vraiment! Les coupures pub sont trop fréquentes et trop longues!
Merci aux plates-formes de proposer un tel contenu de qualité. Si elles n'existaient pas il faudrait les inventer.
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